Dans un discours fort et percutant, le président du Front Patriotique Gabonais (FPG), Gérard Ella Nguema, évoqué la nécessité d’une réforme économique et politique audacieuse pour assurer un avenir prospère au Gabon. Mettant en lumière les défis persistants du pays, il a proposé des solutions concrètes pour revitaliser l’économie et renforcer la souveraineté nationale. Il a de fait soulevé des questions cruciales sur la gouvernance et l’exploitation des ressources naturelles au Gabon. Alors que le pays se prépare pour l’ouverture du Dialogue National, Nguema a mis en avant l’importance de repenser l’approche actuelle afin de favoriser le développement durable et équitable de la nation.
Dès le début de son allocution ce dimanche 31 mars 2024 à Nzeng-ayong, le leader du FPG critique le gouvernement sur la non mise en place d’une commission vérité justice et réconciliation, jugeant cela comme indice de l’adoption de l’impunité au Gabon. »Bref j’essuie seulement ma bouche », lance t-il.
Le discours d’Ella Nguema a également pointé du doigt les pratiques perpétuées par le régime en place, appelant à une réforme radicale. Il a insisté sur la nécessité d’exiger des explications sur divers incidents, notamment l’incident impliquant un hélicoptère à Aboumi et les pannes survenues en plein vol sur d’autres appareils, de même que sur l’interdiction de pêche dans certaines zones maritimes et ses répercussions sur les marchés locaux.
Une proposition phare de ce discours était le rachat du Groupe ASSALA, une entreprise pétrolière majeure, par l’État gabonais. Cependant, au lieu d’une prise de contrôle directe par l’État, à travers Gabon Oil Company, appelant d’ailleurs à une clarification sur les missions et les risques liés à la gestion de cette entreprise, il a suggéré une approche progressive qui permettrait aux Gabonais de devenir les propriétaires des actions d’ASSALA. Cela impliquerait d’abord d’identifier des experts gabonais du secteur pétrolier, puis de les impliquer dans la gestion et la propriété de l’entreprise. « Nous ne pouvons plus permettre que nos ressources soient exploitées sans que les Gabonais en bénéficient pleinement », a-t-il souligné. « Il est temps que notre peuple prenne le contrôle de son propre destin économique. »
En plus de la question pétrolière, le leader a également abordé le secteur forestier, un autre pilier de l’économie gabonaise. Il a appelé à des mesures visant à favoriser la propriété gabonaise dans les entreprises forestières, afin de garantir que les bénéfices de cette industrie restent dans le pays. « Nous devons cesser de permettre aux étrangers de profiter de nos ressources sans que les Gabonais en tirent profit », a-t-il déclaré. « Il est temps de rétablir la souveraineté économique du Gabon. » Ainsi, Gérard Ella Nguema a mis en lumière la nécessité d’une transparence accrue dans les contrats avec les entreprises étrangères exploitant les ressources naturelles gabonaises. Il a également souligné l’importance d’une véritable appropriation des richesses nationales pour le bénéfice de tous les Gabonais. « Le temps est venu pour nous-mêmes, les Gabonais, de devenir les véritables propriétaires de nos ressources naturelles », a-t-il lancé, invitant ainsi à une réflexion profonde sur le potentiel économique du pays.
Sur le front de l’exploitation des ressources minières, Ella Nguema a critiqué les contrats passés avec des entreprises étrangères, notamment Fortescue et Comilog, mettant en avant l’absence de participation et de bénéfices pour le Gabon et ses citoyens. Il a appelé à la création d’un plan commun entre le Gabon, la République du Congo et le Cameroun pour exploiter conjointement les gisements de fer et envisager la construction d’une usine de transformation compétitive.
« L’éducation est l’arme la plus puissante que vous pouvez utiliser pour changer le monde », a déclaré Nelson Mandela. Ces paroles résonnent avec force dans le discours de Gérard Ella Nguema, soulignant l’urgence pour le Gabon de promouvoir l’autonomisation de ses citoyens, en particulier en encourageant l’émergence d’une classe d’entrepreneurs nationaux compétents sur la scène mondiale. »Nous devons agir maintenant pour garantir que les ressources du Gabon profitent réellement à son peuple », a déclaré le leader. « Il est temps de mettre fin à l’exploitation étrangère de nos richesses naturelles et de promouvoir la propriété gabonaise dans tous les secteurs clés de notre économie. »
Dans cet appel à l’action, le député soulève des préoccupations majeures concernant le processus électoral et la gouvernance au Gabon. Il critique la dépense excessive et inutile associée à la tenue d’élections contestées, ainsi que l’influence des lobbys internationaux sur la légitimité des dirigeants. Il propose un audit électoral pour examiner les pratiques passées et identifier les responsabilités, ainsi qu’une révision du système de désignation des dirigeants, suggérant que les parlementaires pourraient jouer un rôle plus actif dans ce processus.
Son appel à une réflexion sur un système de gouvernance plus adapté aux réalités et aux aspirations du Gabon, plutôt qu’une simple imitation des modèles étrangers et le refus du général Brice Clotaire Oligui Nguema de devenir le grand Maître de la loge maçonnique au Gabon souligne un exemple de résistance aux influences étrangères qui pourraient entraver le développement du pays. Ce message met en avant la nécessité d’une approche innovante et autonome pour le choix des dirigeants et la gouvernance, afin de favoriser le développement durable et le bien-être des citoyens gabonais. « Il est temps pour nous de tracer notre propre voie, adaptée à nos réalités et à nos besoins », a-t-il affirmé. « Nous devons mettre fin à la mascarade des élections truquées et promouvoir une véritable démocratie qui reflète la volonté du peuple gabonais. »
En ce sens, cette déclaration reflète l’urgence d’instaurer des mécanismes efficaces pour garantir la responsabilité des dirigeants et protéger les intérêts du peuple gabonais. Parmi les propositions avancées figure la création d’une Haute Cour militaire chargée de veiller au respect des engagements présidentiels et de procéder à sa destitution en cas de non-respect. « Face à un dirigeant qui ne respecte pas ses engagements et qui est déviant par l’ivresse du pouvoir, il faut avec responsabilité mettre en place des mécanismes de destitution, des mécanismes connus de tous et encadrés, » a-t-il affirmé.
L’importance de cette initiative est soulignée par l’argument selon lequel « le Gabon n’est pas une République bananière où n’importe quel individu du monde peut débarquer et prétendre devenir président de la République. » Il s’agit donc de protéger la souveraineté nationale contre toute intrusion étrangère et de préserver l’intégrité de la démocratie gabonaise. Ella Nguema propose en effet le rejet de la candidature à la fonction présidentielle d’un parent du président en exercice depuis 2 mandats. Dans ce sens d’encadrement de la fonction présidentielle, Gerard Ella Nguema confirme la séparation des pouvoirs entre le politique et la religion, et invite le président à ne plus s’ingérer dans les affaires religieuses.
En outre, le leader propose des réformes visant à renforcer le caractère émotionnel et engageant du serment présidentiel, ainsi qu’à impliquer davantage les chefs traditionnels dans le processus législatif pour garantir une représentation équitable des aspirations du peuple gabonais.
Cependant, l’une des mesures les plus controversées est la proposition de la loi GEN, visant à réserver les postes sensibles aux seuls citoyens gabonais à 100% et à leurs conjoints. Cette mesure vise à prévenir toute influence étrangère dans les affaires nationales et à garantir une gouvernance véritablement gabonaise. Enfin, il dénonce le refus de la présidence d’Oligui Nguema par des proches de Bongo, le percevant comme une traîtrise à son égard.
« Le temps de la restauration est arrivé, » conclut le leader, appelant à une refonte complète du système politique gabonais pour assurer une gouvernance responsable et démocratique. Ces propositions audacieuses signalent un tournant crucial dans l’histoire politique du Gabon, mettant l’accent sur la primauté du peuple et la responsabilité des dirigeants envers leur nation.
Une chose est sûre. Une fois de plus, Gérard Ella Nguema n’a pas fait dans la langue de bois, appliquant un proverbe chinois disant, « les vérités qu’on aime le moins à apprendre, sont celle qu’on a le plus besoin à savoir»