Libreville, 3 septembre 2024 – Après une suspension de cinq ans, l’exploitation du kévazingo, l’un des bois les plus précieux du Gabon, est de nouveau autorisée. Cette décision a été officialisée à l’issue du conseil des ministres du 31 août 2024, marquant un tournant important dans la gestion des ressources forestières du pays.
Le gouvernement de transition, sous la direction du général Brice Clotaire Oligui Nguema, a adopté un décret visant à relancer l’exploitation du kévazingo dans le but de « stimuler le développement des zones forestières ».
Cette décision s’inscrit dans une stratégie plus large de valorisation des ressources naturelles pour soutenir l’économie du pays sans alourdir sa dette.
En 2018, sous la présidence d’Ali Bongo, l’exploitation du kévazingo avait été suspendue en raison des pratiques illégales qui menaçaient cette essence rare. À l’époque, le Gabon, couvert à 80 % de forêts, avait déjà interdit l’exportation de grumes brutes en 2010, obligeant ainsi les opérateurs à transformer localement le bois avant exportation. La reprise de l’exploitation du kévazingo aujourd’hui s’accompagne de nouvelles mesures destinées à prévenir les dérives du passé.
Le projet de décret adopté par le gouvernement de transition instaure un cadre réglementaire strict. L’exploitation du kévazingo sera désormais limitée aux concessions aménagées de manière durable. Un système de géo-référencement renforcera la traçabilité du bois, tandis qu’un permis CITES sera obligatoire pour l’exportation des produits finis, assurant ainsi que l’exploitation reste conforme aux normes internationales de conservation des espèces menacées.
Le kévazingo, reconnu pour sa couleur distinctive – rouge, noire ou marron – et sa dureté, est particulièrement recherché en Asie, notamment au Japon et en Chine. Contrairement à l’okoumé, plus abondant et moins cher, le kévazingo met des années à atteindre sa maturité, ce qui en fait un bois d’autant plus précieux.
Dans son discours prononcé à l’occasion de l’anniversaire du coup d’État du 30 août 2023, le général Oligui Nguema a réitéré son engagement à valoriser les ressources naturelles du Gabon. « Chers Gabonais, mettons-nous au travail pour que toutes nos ressources naturelles non exploitées à ce jour soient mises en valeur, que le potentiel incroyable de notre eldorado contribue à créer de la richesse », a-t-il déclaré, appelant à une exploitation responsable et bénéfique pour le développement national.
La réouverture de l’exploitation du kévazingo marque donc un nouveau chapitre pour le secteur forestier gabonais. Toutefois, les défis restent nombreux pour assurer que cette reprise se fasse dans le respect des principes de durabilité et de transparence, afin que cette richesse naturelle profite véritablement au développement du pays.
**Fin.**