Nous publions l’intégralité de la déclaration du Président du PPG
Mesdames, Messieurs,
Chers Compatriotes,
Comme le veut les bons usages, je voudrais, avant l’entame de
mon propos, me présenter.
Je suis Monsieur Jean
Romain FANGUINOVENY, Président du Parti
du Peuple Gabonais (PPG), et Ancien candidat à l’élection présidentielle
du 26 août 2023.
Pour ma part, en tant que membre de la plateforme Ensemble pour le Gabon, la mouture
finale du texte constitutionnel qui nous est proposé au référendum, demeure lacunaire.
Ce projet de Constitution constitue aussi un recul démocratique pour notre
pays, pour notre démocratie et pour notre vivre ensemble.
L’adopter en l’état, nuirait à la légitimité du texte, et
partant à son nécessaire caractère Impersonnel,
Intemporel et Non-discriminatoire.
En effet, du Préambule aux différents articles, il
n’échappe au lecteur sincère, qu’il est mauvais, sans garde-fous solides et
représente aussi un réel danger pour les générations futures.
En ce sens qu’il n’y a plus de séparation des pouvoirs équilibrée entre le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir
judiciaire.
Les équilibres d’antan des pouvoirs, contenus dans les
Constitutions de 1991 et de 1994, qui permettaient l’expression d’une
démocratie apaisée, ont été tous détricotés.
Il est donc essentiel que le NON triomphe, pour amener les uns et les autres à prendre
le temps nécessaire pour consulter davantage la population et obtenir un large soutien.
A l’observation, plusieurs de ses articles n’ont pas leur
place dans la Constitution, car ils peuvent compromettre la stabilité et la
pérennité de la future loi fondamentale. Et, l’examen non partisan de ce projet
de constitution révèle que:
1.
Il n’est pas impersonnel, car, il
tend plutôt à faire du Gabon, une monarchie
déguisée à la seule discrétion du futur
Président de la République élu.
C’est aussi un projet de Constitution qui
consacre un régime présidentiel hydride,
vu nulle part ailleurs, avec à sa tête un hyper président Roi, qui va tout contrôler,
décider de tout, et en toute liberté. Et, plus grave, sans le moindre réel contre-pouvoir.
ü C’est le
cas des articles 41, 54, 55,57, 69 qui font du futur Président de la République le détenteur
« exclusif » du pouvoir
exécutif. Un genre de monarque déguisé aux
pouvoirs illimités.
Ces
articles déséquilibrent la séparation des pouvoirs, et rendent toute
cohabitation caduque, voire impossible.
Avec pour conséquence: plus de
Premier ministre, plus de motion de
censure, et plus de cohabitation
possible à l’issue d’une élection législative.
L’article
41 enlève en plus à l’Assemblée nationale toute
sa substance. Cela est inacceptable et nous invite à voter NON.
2.
Il n’est
pas intemporel, car il fait la promotion des coups d’Etat et glorifie leurs auteurs.
Certains de ses articles suscitent
véritablement de légitimes inquiétudes.
Ils ne vont pas résister au temps.
Ils seront susceptibles d’être
rapidement contestés. Car leur contenu est dangereux. Et leurs
dispositions semblent avoir été rédigées
dans la hâte et sans consensus.
ü C’est le
cas, par exemple à l’alinéa 2 du
Préambule « Porté par l’esprit
du 30 aout 2023……. », qui fait l’apologie des push. Mais aussi des articles 3, 8, 10, 169 et 170 qui
célèbrent leur commission et l’amnistie de leurs auteurs.
Il
est inacceptable que de telles dispositions figurent dans la Constitution.
Elles ne doivent être marquées dans le marbre.
C’est
aussi le cas de l’article 42, sur la
durée du mandat présidentiel de 7 ans. Alors
que la moyenne africaine est en faveur du quinquennat (5 ans). Le retour au septennat (7 ans), nous semble
anachronique et constitue un recul
démocratique. Il ne résistera
pas au temps, après les avancées des 30 dernières années consignées dans la
Constitution de 1991, ainsi que dans celle de 1994.
3.
Il n’est
pas non-discriminatoire, car il va créer une forme d’Apartheid entre
les citoyens d’un même pays. De nombreux compatriotes seront désormais
stigmatisés du simple fait de leurs choix matrimoniaux, de leurs handicaps innés
ou subis, ou encore de leur éloignement, surtout en ce qui concerne la diaspora.
ü C’est le
cas par exemple avec l’article 43 qui
est tout aussi discriminatoire. Car, il
écarte du fauteuil présidentiel la fine
fleur de cette catégorie de la population de plus de 70 ans, pétris d’expérience et de sagesse.
Cela
est inacceptable et nous oblige, pour l’intérêt supérieur de notre pays, et
celui des générations futures à voter NON, pour corriger ces imperfections.
Vu tout ce qui précède,
Doit-on continuer à modifier et à détricoter notre
Constitution au gré des intérêts mesquins de ceux qui veulent toujours tirer,
dans l’ombre, les ficelles du pouvoir? NON !
La transition actuelle demeure
encore une opportunité pour bien faire les choses. Il ne faut pas rater
cette occasion en confondant vitesse et précipitation.
Le monde nous regarde, la mémoire de nos devanciers qui sont
tombés dans les champs de bataille politique, qui ont porté les acquis
démocratiques contenus dans la Constitutions de 1991 et celle de 1994, nous
interpelle.
Votons donc tous NON
au referendum pour que notre pays demeure une République, avec la toute la
noblesse que revêt cette notion.
Et que Dieu, nos Génies et nos Ancêtres nous assagissent et
bénissent le Gabon.
Je vous remercie !
