À l’approche du crépuscule de la transition, le syndicat majeur de l’éducation gabonaise a tenu ce 3 janvier 2025 une conférence de presse cruciale pour évaluer les actions gouvernementales des 16 derniers mois dans le secteur éducatif. Si quelques avancées sont saluées, les défis restent colossaux selon l’organisation syndicale.
Dans une atmosphère empreinte d’attentes, le Délégué Général de la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (CONASYSED), Alain MAGOUADI, a livré depuis le siège d’Awendjé une analyse approfondie des réalisations et des manquements de la période transitoire.
Des progrès notables mais insuffisants
La CONASYSED reconnaît plusieurs avancées significatives : l’ouverture de milliers de postes budgétaires, la reprise des bourses pour les élèves du secondaire, le versement partiel des arriérés de salaire, et la modernisation de certains établissements notamment par l’équipement informatique.

Toutefois, ces efforts apparaissent comme une goutte d’eau dans l’océan des besoins. « Ces progrès restent insuffisants face à l’ampleur des défis », souligne le syndicat, qui pointe notamment la situation précaire des enseignants en pré-salaire depuis 2016, l’absence d’intégration des enseignants du privé confessionnel, et le sort des 780 professeurs de sciences toujours en attente d’affectation.
Des dysfonctionnements persistants
La CONASYSED dénonce particulièrement le manque de transparence dans la gestion administrative. L’organisation s’insurge contre la découverte via les réseaux sociaux des résultats de sélection pour les mises en stage, sans communication préalable aux partenaires sociaux. Le traitement inéquitable des frais de mission est également pointé du doigt, avec des montants largement inférieurs aux 100 000 FCFA réglementaires.
Le cas emblématique du Lycée Louis Patrick MOMBO
Un point sensible concerne le baptême du Lycée d’Akébé-Ville, censé honorer la mémoire de Louis Patrick MOMBO. Malgré un engagement ministériel datant de mars 2024, cette promesse reste lettre morte neuf mois plus tard, cristallisant les frustrations du syndicat.
Non au pointage biométrique

La CONASYSED s’oppose fermement à l’introduction récente d’un système de pointage dans les établissements, y voyant une stigmatisation injustifiée des enseignants. Le syndicat rappelle l’existence d’outils de contrôle déjà en place et appelle plutôt à une meilleure utilisation des dispositifs existants.
Un appel à l’action
Face à ces constats, la CONASYSED exhorte les autorités de transition à faire de l’éducation une priorité absolue. Le syndicat plaide pour une refonte profonde du système éducatif, incluant la révision du statut particulier du secteur et de l’Institut Pédagogique National.

« L’éducation est le pilier de tout développement », rappelle la CONASYSED, citant Nelson Mandela. L’organisation appelle à une mobilisation collective pour transformer durablement le système éducatif gabonais et offrir aux nouvelles générations un avenir à la hauteur de leurs aspirations.
La balle est désormais dans le camp des autorités de transition, alors que le secteur éducatif attend toujours des réformes structurelles profondes pour sortir de l’ornière.
