Assises nationales sur l’emploi au Gabon : Vers une dynamique renouvelée pour lutter contre le chômage

Le stade de l’Amitié sino-gabonaise a vibré ce mardi 11 mars 2025 sous les auspices d’un événement majeur pour l’avenir du Gabon : l’ouverture des Assises nationales sur l’emploi. Organisée par le ministre du Travail, Adrien Nguema Mba, cette rencontre, qui se tient du 11 au 14 mars, a réuni les plus hautes autorités du pays, dont le Premier ministre Raymond Ndong Sima, sous le patronage du président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. L’objectif ? Dresser un état des lieux du marché de l’emploi, identifier les défis socio-économiques et proposer des solutions durables pour stimuler la création d’emplois, en mobilisant tous les acteurs : secteur public, secteur privé et société civile.

FB IMG 1741773413706

Le taux de chômage, particulièrement alarmant chez les jeunes (35,7 % en 2010), a été au cœur des discussions. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du plan national de développement de la transition, une réponse urgente à une situation qui menace le tissu social gabonais. La cérémonie d’ouverture a été marquée par une série d’allocutions, dont celles du délégué de la commune d’Akanda, des représentants des chômeurs, des employeurs et du Bureau international du travail, suivies du discours inaugural du Premier ministre. Les temps forts ont inclus l’inauguration de la bourse de l’emploi, la visite des stands et la mise en place du bureau des assises.

 

Une jeunesse en quête d’opportunités

 

Richard Asseko, représentant des chômeurs gabonais, a exprimé sa gratitude envers les autorités pour cette plateforme d’expression. Il a souligné que les jeunes, qui représentent plus de 60 % de la population, sont les plus touchés par le chômage, avec un taux dépassant 35 % selon un rapport de 2023. « Le jeune qui représente plus de 60 % de la population gabonaise demeure le plus touché », a-t-il déclaré, appelant à une réforme du système éducatif pour mieux aligner la formation aux besoins du marché. Il a également plaidé pour des initiatives d’entrepreneuriat et une volonté politique forte afin de mettre en œuvre des politiques actives favorisant l’emploi. « Il est temps de transformer les discours en actions concrètes », a-t-il insisté.

FB IMG 1741773419486

Jean Baptiste Bikalou, représentant des entrepreneurs, a qualifié le chômage des jeunes « d’urgence sociale », nécessitant des « solutions pragmatiques et adaptées ». Il a identifié comme causes principales l’inadéquation du système éducatif avec le marché du travail et les « rigidités » du cadre législatif. Parmi ses propositions : diversifier l’économie, adapter les salaires aux réalités du marché, faciliter l’accès aux financements et attirer des investissements. « Votre avenir vous appartient », a-t-il lancé aux jeunes chômeurs, les encourageant à explorer « les petits métiers » et l’agriculture comme débouchés professionnels.

 

Un engagement collectif pour l’emploi décent

 

Ammassari, coordinatrice du système des Nations unies, a salué ces assises comme « une étape importante dans notre engagement collectif pour la promotion de l’emploi décent et la justice sociale ». Elle a identifié plusieurs défis, notamment la gouvernance du secteur, la précarisation des emplois existants et l’absence de mécanismes d’anticipation des besoins en compétences. « Ces défis, loin d’être des obstacles insurmontables, sont des opportunités pour bâtir un marché du travail inclusif et durable », a-t-elle affirmé, rappelant l’importance de la transition vers des emplois durables et un système de protection sociale renforcé.

FB IMG 1741773402222

Le ministre Adrien Nguema Mba a présenté ces assises comme un rassemblement crucial pour « élaborer des stratégies de lutte contre le chômage, fléau qui menace notre tissu social ». Il a souligné un paradoxe préoccupant : « d’un côté, une jeunesse diplômée à la recherche d’emploi qui n’en trouve pas, et de l’autre, des entreprises qui cherchent un personnel qualifié mais n’en trouvent pas ». Il a appelé à un dialogue constructif entre les établissements de formation et le secteur privé, ainsi qu’à une réflexion sur la conversion professionnelle. « Transformons cette crise en une opportunité précieuse », a-t-il exhorté.

 

Le dilemme de l’inadéquation formation-emploi

 

Dans son discours d’ouverture, le Premier ministre Raymond Ndong Sima a mis en lumière le dilemme fondamental auquel fait face le Gabon : « Nous avons un problème de synchronisation entre ce que le système éducatif produit et ce que le système productif arrive à absorber. » Face aux 20 000 bacheliers annuels et un marché du travail incapable de les absorber, il s’est interrogé : « Est-ce que nous pouvons continuer décemment à former les gens pour les envoyer au chômage ? » Tout en reconnaissant la nécessité de maintenir une éducation de qualité, il a appelé à « réfléchir sans tabou » sur des solutions comme la formation en alternance. « Le chômage est une plaie qui peut faire disparaître une société », a-t-il conclu, rappelant que chaque personne au chômage représente « une perte importante dans notre collectivité ».

 

Ces assises nationales sur l’emploi marquent un tournant dans la réflexion collective sur l’avenir du marché du travail au Gabon. Entre diagnostics sans concession et propositions ambitieuses, elles posent les bases d’une dynamique renouvelée pour l’emploi, alignant stratégies éducatives, environnement des entreprises et réalités socio-économiques. Reste à présent à transformer ces engagements en actions concrètes, pour offrir un avenir meilleur à la jeunesse gabonaise et à l’ensemble de la population.