C’est dans une ambiance à la fois solennelle et déterminée que le Président Joseph Lapensée Essingone a officiellement lancé son équipe de campagne ce mercredi à la Chambre de Commerce de Libreville. À quelques semaines de l’élection présidentielle prévue le 12 avril 2025, cette annonce marque le début d’une course contre la montre pour incarner un « Gabon nouveau », libéré de l’héritage des 56 années de gestion par la famille Bongo.
Une équipe de campagne en construction
L’équipe de campagne, composée de citoyens gabonais « motivés et engagés », selon les mots du candidat, a déjà établi un quartier général provisoire dans le quartier Nzeng-Ayong à Dragage. Cependant, face à l’afflux croissant de soutiens, un nouveau local, plus spacieux et adapté, est en cours de sélection. « Nous étions un petit effectif au départ, mais chaque jour, de plus en plus de Gabonais nous rejoignent. C’est un signe fort de l’adhésion à notre message », a déclaré Essingone.
Cette logistique, bien que modeste pour l’instant, témoigne d’une volonté d’organisation et de transparence, deux valeurs que le candidat met en avant dans son discours. Il insiste sur la nécessité de structurer une campagne crédible et inclusive, capable de répondre aux attentes d’un électorat en quête de changement.
Rencontre avec le COPIL citoyen : un appel à l’apaisement
Un moment fort de cette journée a été la rencontre entre Joseph Lapensée Essingone et le COPIL citoyen, une organisation engagée dans la promotion de la démocratie et de la paix sociale. Les échanges ont porté sur les préoccupations des Gabonais, notamment la crainte d’un climat post-électoral tendu. « Leur message était un appel à l’apaisement. Ils m’ont rappelé que les élections présidentielles au Gabon se terminent souvent dans un climat chaotique. C’est une réalité que nous devons éviter », a-t-il souligné.
Essingone a profité de cette occasion pour rappeler l’importance d’élections libres, crédibles et transparentes, conformément aux promesses du Comité de Transition et de Restauration des Institutions (CTRI). « Une élection transparente doit permettre au peuple d’identifier son Président sans contestation », a-t-il affirmé, tout en appelant les organisateurs à garantir un scrutin équitable.
Un « Gabon nouveau » pour tourner la page des Bongo
Le cœur du discours de Joseph Lapensée Essingone repose sur la promesse d’un « Gabon nouveau », un projet de société basé sur la transparence, le progrès et la rupture avec le passé. Sans nommer directement la famille Bongo, il a évoqué les 56 années de gestion du pays par cette dynastie politique, soulignant que « les Gabonais veulent tourner la page ». « Les Bongo ont fait ce qu’ils ont pu, mais il reste encore tant à faire pour répondre aux besoins des Gabonais », a-t-il déclaré, insistant sur l’urgence de répondre aux préoccupations sociales et économiques du pays.
Essingone se présente ainsi comme l’homme de la situation, muni d’une « formation et d’une expérience professionnelle » qui lui permettent, selon lui, de relever les défis du Gabon. Son discours, teinté d’optimisme et de détermination, vise à rassurer un électorat en quête de renouveau.
Entre espoir d’un ton novateur et défis
Si le discours de Joseph Lapensée Essingone séduit par son ton novateur et son appel à la transparence, plusieurs défis se dressent sur son chemin. Tout d’abord, la structuration rapide de son équipe de campagne, bien que louable, devra faire face à la machine bien huilée de ses adversaires, notamment ceux issus de l’ancien régime. Ensuite, la promesse d’un « Gabon nouveau » devra être concrétisée par un programme politique clair et réalisable, capable de répondre aux attentes d’une population lasse des promesses non tenues.
Enfin, l’appel à l’apaisement post-électoral, bien que pertinent, soulève la question de la capacité des institutions gabonaises à garantir un scrutin incontestable. Dans un contexte où la méfiance envers le processus électoral reste forte, Essingone devra redoubler d’efforts pour convaincre de sa légitimité, tout en évitant les écueils d’un climat politique souvent marqué par la violence et les tensions.
Joseph Lapensée Essingone incarne aujourd’hui l’espoir d’un renouveau pour le Gabon. Son discours, axé sur la transparence et la rupture avec le passé, résonne auprès d’un électorat en quête de changement. Cependant, la route vers la présidence est semée d’embûches, et sa capacité à transformer ces promesses en actions concrètes sera déterminante. Le 12 avril 2025, les Gabonais auront l’occasion de choisir entre le passé et l’avenir. Reste à savoir si Essingone saura incarner cet avenir tant espéré.
