La salle du Parvis des Hôtes, archicomble ce samedi, a vibré ce samedi 29 mars aux rythmes des slogans et des applaudissements. Le Dr Stéphane Germain Iloko, médecin de profession et désormais candidat à la présidentielle du 12 avril, a lancé sa campagne sous le signe de l’émotion et des promesses sociales. Face à une assistance conquise, l’homme qui se présente comme « le candidat du cœur » a dressé un diagnostic sans concession des maux du Gabon – et proposé ses ordonnances.

Un médecin pour soigner le pays
Dès l’ouverture, son coordonnateur de campagne a planté le décor : « Le Gabon est un malade, et le Dr Iloko est le médecin qu’il lui faut. » Les symptômes ? « Pas d’hôpitaux, pas de routes, pas d’électricité. » Le remède ? Un programme social ambitieux, avec en tête une allocation familiale universelle et une aide au chômage de « 150 000 FCFA par mois ». “Ce n’est pas un rêve, c’est faisable », a-t-il martelé, sous les acclamations.
La jeunesse, massivement représentée dans la salle, a trouvé son porte-voix en la personne de Chrystome Mondjo. D’une voix rageuse, il a dépeint un Gabon où « 70 % des jeunes sont au chômage, poussés à la délinquance, au braquage ou à la prostitution ». Face à ce désastre, il a vanté les trois piliers du candidat : « prospérité, sécurité, dignité ». Une pique à la transition actuelle, accusée de n’avoir « réaménagé que le PDG » (Parti démocratique gabonais, ancien parti au pouvoir).
La stratégie du cœur
Arielle Andeme, représentante des femmes, a salué « un homme qui respecte ses sœurs, ses filles, sa mère ». Entre mesures sociales et discours charismatique, le Dr Iloko mise sur l’empathie pour séduire un électorat las des promesses non tenues.

L’argent de l’État ne vous appartient pas » : charge contre Oligui Nguema
Dans un discours empreint de colère et de douleur, le Dr Iloko a taclé sans ménagement le général Oligui Nguema, président de la transition et principal adversaire. « On ne gouverne pas avec l’argent de l’État comme si c’était le vôtre », a-t-il lancé, avant d’évoquer des déchirements familiaux – son propre petit frère Billy Bi Nzé, candidat à la présidentielle également, l’aurait « piétiné » pour s’aligner avec le pouvoir, en devenant le numéro un .

Mais c’est sur la santé, son domaine de prédilection, qu’il a été le plus poignant. « Depuis 2009, les évacuations sanitaires ne sont pas réglées. À l’hôpital général, on vous prescrit des examens… pour aller les faire à Jambon ! » Une voix s’est brisée lorsqu’il a partagé le souvenir de son enfant disparu, avant d’appeler à « la solidarité » comme lorsqu’il a aidé financièrement la famille d’une camarade de classe de sa fille, décédée. « Aujourd’hui, on meurt encore de tuberculose au Gabon. Ça, c’est notre réalité. »

Le Dr Iloko a dressé un constat accablant de la situation gabonaise : des routes « complètement impraticables » qu’il a pu constater lors de son tour du pays, une pollution alarmante à Mindoube où « les déchets contaminent la Lowé, rendant les poissons impropres à la consommation », et un marché de l’emploi défaillant où « les postes créés sont occupés par des expatriés ». Face à ces défis, il propose des solutions ambitieuses : la construction d’un tramway reliant Le Cap Esterias à Owendo, une réduction du nombre de députés à 110, un mandat présidentiel limité à 5 ans, et des allocations spécifiques pour les personnes âgées, arguant que « les maisons de retraite sont une forme d’abandon ». Le candidat a conclu par une mise en garde cinglante à l’endroit d’Oligui Nguema : « Même s’il accède au pouvoir, il n’y restera pas sept ans ».
À deux semaines du scrutin, le pari reste audacieux : convaincre que le « candidat du cœur » a aussi la poigne pour redresser le Gabon.
