Libreville, le 18 septembre 2024 – Réunis sous la bannière de la Coalition des Entreprises Engagées pour le Développement du Gabon (CEEDG), les acteurs du secteur privé gabonais ont organisé ce mercredi un point de presse pour interpeller les autorités sur les difficultés rencontrées par les petites et moyennes entreprises (PME) locales dans l’accès aux marchés publics.
Dans un contexte de réformes économiques engagées par la Transition, les PME gabonaises, qui constituent l’épine dorsale du développement national, se sentent de plus en plus marginalisées. Lors de cette rencontre, la CEEDG a exprimé son inquiétude quant à l’attribution massive des marchés aux entreprises étrangères, reléguant les entreprises locales au second plan, une situation jugée humiliante pour la souveraineté nationale.
Les intervenants ont souligné un ensemble de problématiques structurelles, à commencer par la difficulté pour les entreprises locales d’accéder aux marchés publics, souvent accaparés par des entreprises venues d’ailleurs. « Comment expliquer que ce soit à nous, Gabonais, de solliciter la sous-traitance auprès des entreprises étrangères installées dans notre pays, alors que cela devrait être l’inverse ? « , s’est insurgé l’un porte-parole de la coalition.
Parmi les autres griefs soulevés figurent la complexité des démarches administratives, les cautions bancaires exorbitantes, la surfacturation des travaux par des entreprises étrangères, et la fuite des capitaux qui en découle. « Nous sommes face à une véritable exclusion économique », a-t-il ajouté.
La situation des PME locales, qualifiée d’« alarmante », a été illustrée par des chiffres édifiants. Plus de 373 PME locales auraient participé à des appels d’offres au cours des 12 derniers mois, dépensant en moyenne 200 000 à 300 000 francs CFA par dossier, sans remporter aucun contrat. Une perte cumulée de plus d’un milliard de francs CFA, selon la CEEDG.
Consciente des réformes en cours, la CEEDG appelle cependant à des actions plus spécifiques en faveur des PME locales. Parmi les recommandations adressées au Président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, la coalition demande le relèvement du seuil d’attribution des marchés réservés aux PME de 150 millions à 1 milliard de francs CFA, la simplification des démarches administratives, ainsi que la mise en place d’un comité de suivi tripartite pour évaluer les actions engagées en faveur des entreprises locales.
« L’idée n’est pas de nous opposer à la présence d’entreprises étrangères, mais il est impératif que les entreprises gabonaises bénéficient des mêmes opportunités et soient soutenues dans le processus d’attribution des marchés », a souligné un autre membre de la coalition.
Pour les entreprises locales, le problème n’est pas seulement technique, mais également politique. « Le soutien aux entreprises locales n’est pas une option, mais une nécessité pour assurer la pérennité économique du pays », a affirmé l’un des dirigeants présents. La coalition salue par ailleurs l’exemple de pays comme le Rwanda ou la Guinée Équatoriale, qui ont su développer des mécanismes favorables à leurs entreprises locales tout en intégrant les investisseurs étrangers.
Ce plaidoyer pour une meilleure inclusion des entreprises locales dans les grands projets d’infrastructures et de développement est soutenu par l’espoir de voir le taux de chômage, actuellement estimé à 40 % chez les jeunes de 20 à 40 ans, diminuer grâce à une plus grande participation des PME gabonaises à l’économie nationale.
Les membres de la CEEDG ont conclu la rencontre en sollicitant une audience directe avec le Président de la Transition afin d’exposer de vive voix leurs préoccupations et d’envisager des solutions concrètes. « Nous avons espoir que nos recommandations seront prises en compte et que l’avenir des PME gabonaises sera mieux assuré », ont-ils déclaré.
Alors que le pays traverse une période de transition marquée par des réformes économiques et sociales, les PME locales espèrent que leurs voix seront entendues et que des actions tangibles seront prises pour redonner aux entreprises locales la place qu’elles méritent dans l’économie nationale.
